Cette phrase aux échos multiples révèle une immersion dans la pensée créatrice permanente, un engagement total de l’être inscrit dans le mouvement du devenir. Un mouvement semblable à celui d’une vague portant le créateur, l’artiste dans son élan vers le beau et le sens, de l’inspiration à la matérialisation de la vision, du besoin existentiel à la rencontre.
Car la création est avant tout une histoire de rencontres intimes.
La rencontre du créateur avec lui-même à travers son oeuvre, la rencontre de l'autre avec l’oeuvre et parfois celle du créateur avec l'autre.
Créer doit permettre d'être plus.
Etre plus pour le créateur qui exprime sa perception du monde et progresse dans son cheminement personnel.
Etre plus pour l'autre qui s'enrichit d'une expérience singulière et signifiante.
L’oeuvre n’est donc pas une fin en soi, mais l’occasion de poser un jalon telle une pierre dans le lit de la rivière de la vie qu’il faut traverser sans en voir l’autre rive. Chaque pierre permet de faire un pas de plus. Chaque pierre est différente. Quand elle est posée dans la rivière, la pierre provoque une onde dans l’eau et dans l’air. Parfois, cette onde trouve une résonance dans l'esprit et le coeur des autres, souvent elle regagne simplement la trame de l’Univers. Les pierres posées au fil du temps tracent un chemin qu’érode inlassablement le flux de la vie condamnant irrémédiablement tout désir d’éternité. Mais l’éternité n’est pas dans la pierre, elle apparaît sublime et fragile dans l’instant de la rencontre où résonnent les coeurs.
Finalement, le créateur n’est qu’un passeur de pensées courant sur les pierres qu’il a taillées à même le rocher de son âme.